Loin des viles intrigues de la foule infenfée, leurs modeftes vœux n'apprirent point à s'égarer; & dans le vallon tranquille & féqueftré de la vie, ils fuivirent fans bruit la route qui leur étoit tracée. Cependant tout près de ces offemens &, pour les protéger contre toute infulte, on éleva un frêle monument qui, chargé de vers informes & d'une fculpture groffière, implore du paffant le tribut d'un foupir. Au lieu d'une pompeufe infeription, une Mufe fans fcience y traça lears noms & lears âges; elle répandit à l'entour plufieurs textes faints," dans lesquels le moraliste ruftique apprend à mourir, Car qui abandonna jamais au muet oubli cette existence inquiète & pourtant toujours chere? Qui, en quittant la brillante enceinte du jour & de la joie, ne jeta pas derriere lui un regard prolongé par le fentiment du regret. Le cœur, en quitant cette vie, se flate d'y laiffer des amis; les yeux en fe fermant femblent Ev'n from the tomb the voice of Nature cries, Ev'n in our afhes live their wonted fires. 92 For thee, who, mindful of th' unhonour'd dead Doft in these lines their artless tale relate, If chance, by lonely Contemplation led, Some kindred spirit fhall enquire thy fate, Haply, fome hoary-headed fwain may fay, Oft' have we feen him, at the peep of dawn, Brufhing with hafty fteps the dews away • To meet the fun upon the upland lawn. 96 108 There at the foot of yonder nodding beech, That wreathes its old fantafiick roots fo high, demander quelques larmes à la fenfibilité * &, du fond même de la tombe, la voix de la nature fe fait encore entendre, nos cendres même brulent encore des feux qui les ont animées. Pour toi, qui, pour venger la mémoire de ceux qu'aucuns honneurs n'accompagnerent au tombeau, rapporte dans ces vers leur fimple histoire. Si, par aventure quelque cœur fenfible de la famille du tien, conduit par fes rêveries folitaires, veut auffi favoir quelle fut ta destinée. Peut-être quelque bon villageois à la tête chenue, pourra lui répondre: "fouvent nous l'avons "vu, dès l'aube du jour, traverfant la rofée, marcher d'un pas hatif, pour arriver auffitôt que le foleil fur le plateau de la montagne. Ici couché nonchalament au pied de ce hêtre, dont la tête s'incline & dont les racines vieillies " & tortueufes fe relevent bizarement au deffus (*) Mr. l'Abbé de l'Ifle dans fon Poéme des Jardins a imité ainfi cette ftrophe: Quel homme, vers la vie, au moment du départ ४ • And His liftlefs length at noon-tide would he stretch, pore upon the brook that babbles by. 104 Hard by yon' wood, now fmiling as in fcorn, Mutt'ring his wayward fancies, he would reve; Now drooping, woful wan! like one forlorn, Or craz'd with care, or crofs'd in hopeless love 108 'One morn I miss'd him on the cuftom'd hill, Along the heath †,.and near his fav'rite tree; • Another came; nor yet befide the rill, • Nor up the lawn, nor at the wood, was he: 112 The next, with dirges due, in fad array "Slow thro' the churchway-path we faw him borne: Approach, and read (for thou canst read) the lay Gray'd on the ftone beneath yon' aged thorn." 116 "de la terre, il fe repofoit, à l'heure de midi, les "yeux fixés fur ce ruiffeau, qui s'écoule en 16 murmurant. "D'autres fois plongé dans une fombre rêve"rie, il erroit auprès de ce bois, en marmotant "tout bas, & fouriant avec amertume à fes chagrines fantaifies. Quelquefois il pleuroit, le "malheureux! tel qu'un pauvre délaiffé qu'écra"fe le chagrin, ou que tourmente un amour. fans efpoir. "Un matin je ne le trouvai pas, comme à l'or"dinaire fur fa colline, le long de la bruyere ni près de fon arbre chéri. Un autre matin parut "& je le cherchai envain le long du ruiffeau, fur "le plateau & aux environs du bois; il n'y étoit "pas. Le fur lendemain, on entendit les chants d'un convoi funébre & nous le vîmes qu'on "portoit lentement, le long du chemin qui méne "à l'églife. Approche & lis, car furement tu "fais lire, les vers qu'on a gravés fur la pierre "qui eft au deffous de cette vieille épine. |